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Martel en tête

5 Octobre 2013 , Rédigé par Karoutcho

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Il est difficile d'écrire, d'enseigner ou de vulgariser l'Histoire de façon objective et impossible de ne pas  l'instrumentaliser quand on fait de la politique. 

En écrivant  "Métronome", Lorànt Deutsch avait dévoilé aux Français qu'il était un militant du bout de la droite. Il confirme aujourd'hui avec "Hexagone" dans lequel il continue de raconter le "roman national" tendance droite nationaliste à la sauce maurrassienne.

C'est son droit, mais la critique a le sien, surtout lorsqu'il s'agit de traiter du marqueur sensible : Charles Martel.

 

Scénario historique :

C'est une partie à quatre : Abd er Rahman, le dernier des Omeyyades, Munuza le berbère renégat, gouverneur de Narbonne et le comte Eudes de Toulouse qui a défait les Arabes de Septimanie en 721. Charles, duc d'Austrasie, chef des Francs.

Munuza et le comte Eudes ont fait alliance, le comte a donné sa fille Lampégie au Sarrasin. Abd er Rahman veut punir le renégat et son allié qui menacent son pouvoir. Le comte Eudes se méfie du Franc qui lorgne sur l'Aquitaine ( Charles a battu Rainfroi, allié du Toulousain, et lancé une expédition pour soumettre l'Aquitaine l'année précédant la bataille de Poitiers) mais poursuivi par le Syrien qui vient de le battre entre Garonne et Dordogne, il n'a d'autre choix qu'aller chercher secours auprès du Franc et lui faire soumission. La bataille de Poitiers (le 25 octobre 732) peut commencer. Gavées de butin, les troupes arabes qui poursuivent le comte de Toulouse se frottent aux fantassins Francs et tournent bride. La razzia est terminée. Elles ont pillé toute la région, de la frontière pyrénéenne à Poitiers. Celles des Francs en firent autant. Il faut bien payer ses guerriers. Charles se fout bien du Croissant, il ne le poursuit pas pour l'écraser, l'essentiel pour lui est de tenir le comte pour récupérer son territoire.

 

 

Ça aurait pu faire un bon opéra verdien avec en fond une histoire d'amour et un final au choix : la belle Lampégie finit ses jours dans un harem du Calife omeyyade ou allongée avec son amoureux dans une mezquita de Catalogne. 

Mais ça a fait une belle page du "roman national", celui qu'on nous a enseigné à l'école, et que reprend Deutsch. On avait alors oublié de nous dire qu'après Poitiers, le bon Charles intervint en Septimanie, dans la vallée du Rhône et en Provence ( 735 à 739) qu'il ravagea. C'est là, où il aurait gagné son surnom. 

En fait, il lui a été donné au IX e siècle par les chroniqueurs et plumitifs politiques carolingiens. Précurseurs de "l'héroïc fantasy", ils avaient inventé : le Marteau de Charles et la Durandal de Roland.

 

Ce détail complètement marteau est révélateur d'une manière d'enseigner l'Histoire.  Elle ne date pas d'aujourd'hui. Dès le XVI e siècle, les gouvernants ont eu besoin de l'image du Marteau écrasant  le Croissant. Non, Charles n'est pas l'ancêtre des Croisés, il fait de la politique et la guerre pour se tailler un domaine plus vaste. 

Enseigner l'Histoire, c'est enseigner la complexité, faire réfléchir, aiguiser le sens critique. On peut aussi y arriver en la vulgarisant à condition de ne pas raconter trop de bêtises et de ne pas l'instrumentaliser.

 

Ce qui n'est pas le cas avec Deutsch, le nouvel Alain Decaux. Il n'a pas bien lu Jean Deviosse qu'il cite comme référence. Et, si j'en crois les critiques, l'emblématique affaire Martel n'est pas la seule approximation du livre,

Mais pas de souci pour Lorànt, les Français amateurs d'Histoire et surtout du roman national vont se ruer sur "Hexagone", comme ils l'ont fait sur "Métronome".

 

 

 

 

 

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