Les petits marquis

Avec ceux qui ont détourné l’ENA de sa fonction et l’ont transformée en antichambre des partis de gouvernement, la bourgeoisie “moderne” tient ses représentants authentiques, sa caste dirigeante  “un peu” de gauche, comme on dit maintenant, complètement de droite et aussi du centre.
Je savais, instruit depuis la nuit des temps archaïques par mes vieux, que les marquis aux lèvres roses finiraient par rejoindre leur trou originel, c’est “moderne” comme le vieux monde politique. Il fallait que j’en fasse l’expérience personnelle, qui comme on le sait, vaut mieux que toutes les leçons. En ce moment, elle est quasiment terminée.
Merci aux sans figures, anciens ministres de Tonton.
Sarkozy n’a pas eu à forcer pour dynamiter le parti du radis. Après les hors d’œuvre, le débauchage sans problèmes de Kouchner, de Bockel, de Hirsch, de Jouillet. En fin politicien, il s’attaque au plat de résistance et se régale. Avec Jack d’abord, l’ancien ministre de François Mitterrand, se montre peu disert sur le fond. Sans rosir, il déclare : «La question m’a été posée. Pour l’heure, je n’ai pas l’intention d’accepter une quelconque mission dont je ne connais même pas les contours. A ce jour, je ne sais même pas où ça en est. Je n’ai aucune nouvelle»
Sans quoi ? Avec Laurent Fabius ensuite, qui reçu vendredi par le président Nicolas Sarkozy, aurait déclaré: «Le sujet n’a jamais été abordé et aucune proposition ne m’a été faite.»Sans quoi ? Enfin avec Strauss-Khan qui a obtenu le soutien du président pour un prix de consolation, le droit de se présenter à la tête  du FMI. Nicolas étant gourmand, il garde pour le dessert une liste informelle des «socialistes talentueux». Certains, comme Manuel Valls, Julien Dray, Jean-Yves Le Drian, Didier Migaud, Hubert Védrine ou Malek Boutih, ont déjà été contactés et le seront encore. Arnaud Montebourg ou Vincent Peillon sont des cibles potentielles. Qui résistera au sarkozysme triomphant ? Quelques mohicans comme moi.