Les boules du jour

         J’écoutais à la radio un de ceux  dont la moindre trace écrite a la chance d’être promue sur les ondes. Ce jour-là, c’était Romain Goupil. Il m’a foutu les boules pour le restant de la journée, presqu’autant que Jean-Marc Sylvestre. Cinq ans après le début de la guerre en Irak, cet intellectuel autorisé qu’on avait oublié, venait défendre son engagement aux côtés de Bush. Il y en a qui ont fait depuis amende honorable, mais pas lui. C’est son droit. Tout le monde peut se tromper, l’erreur est humaine mais persévérer ...
         L’intervention américaine était nécessaire pour débarrasser le monde du dictateur Saddam selon lui.
 Mais je croyais que c’étaient les islamistes responsables de l’attentat du 11 septembre qu’il fallait mettre hors d’état de nuire. À ce jour si Saddam est au fond du trou, Ben Laden court toujours et ses seïdes sont toujours actifs. Souvenons-nous des prétextes avancés par le pitoyable Powell à l’ONU déclarant sans rougir que l’Irak détenait des armes de destruction massive, brandissant un tube de poudre d’une soi-disant arme chimique, que d’ailleurs personne n’a osé lui demander pour analyse. Quand le maître parle, les serviteurs écoutent. Ce sont les seules raisons fournies pour justifier l’intervention. Goupil était dans le secret des dieux, il savait lui le pourquoi de l’intervention, pas comme nous pauvres crétins qui croyons aux déclarations des plus hautes autorités de notre monde.
           Quand il était jeune, Romain nous infligeait la leçon trotskiste, maintenant moins jeune, il nous la joue américaniste. Sur le fond idéologique il a changé, c’est sûr, mais est-ce mieux ? Sur la forme, il lui faudra encore du temps, sûrement beaucoup, il nous fait toujours la leçon, toujours aussi péremptoire et toujours aussi méprisant pour les gens d’en bas dont je suis et à qui il faudra toujours apporter la bonne parole. La sienne toujours.

Karoutcho